Paavo Järvi, direction le 18 mars, Philharmonie

À la tête de son Orchestre de la Tonnhalle de Zurich, Paavo Järvi propose un programme audacieux, passant du romantisme flamboyant de Schumann au folklore roumain revisité par Ligeti. Clou de la soirée : After the Fall de John Adams, dans lequel il pourra compter sur le piano de Víkingur Ólafsson.
Paavo Järvi aime les programmes audacieux et il en administre ici une nouvelle preuve. Le Concert Românesc (Concerto roumain) de Ligeti ouvre la soirée : pièce inclassable (mais quelle partition du compositeur hongrois l’est réellement ?) datant de 1951, cette page se mesure au souvenir de Bartók sous son visage d’ethnomusicologue, ivre de mélodies et rythmes populaires que Ligeti se plait à déstabiliser à sa manière unique. Dans After the Fall, le pianiste islandais Víkingur Ólafsson retrouve un concerto pour piano écrit pour lui par John Adams, créé en janvier dernier à San Francisco (il s’agit d’une co-commande entre le San Francisco Symphonie et l’Orchestre de la Tonnhalle). Certains commentateurs n’ont pas manqué de souligner dans cette page des réminiscences de Bartók, et de Ravel.
La deuxième partie sera consacrée à la Symphonie n° 3 « Rhénane » de Robert Schumann, créée en 1851 sous la direction du compositeur lui-même à la tête de l’orchestre de Düsseldorf (ce qui explique son titre). Avec ses 5 mouvements (organisation singulière dans ce domaine), la symphonie s’impose comme une coulée musicale difficile à canaliser dans son discours expressif, comme souvent dans la plupart des grandes œuvres de Schumann. Paavo Järvi en est l’interprète idéal, avec cette union si remarquable entre précision de la construction sonore, lyrisme des lignes de chant et vigueur rythmique toujours inventive.