Alexandre Kantorow piano
Brahms, Schubert, Liszt.
En janvier 2021, le récital d'Alexandre Kantorow n'avait pu se tenir dans sa configuration habituelle. Le pianiste français inscrit à son programme deux partitions redoutables, ainsi qu'un florilège de lieder de Schubert arrangés par Liszt.
La Première Sonate pour piano n'est en fait pas la première à avoir été composée par Brahms mais la première à avoir fait l'objet d'une publication. Le compositeur vient d'avoir 20 ans et une carrière prometteuse s'amorce, encouragée par son mentor Robert Schumann. Ses quatre mouvements font apparaître une maîtrise déjà fort solide de la forme et les références aux dernières pièces de Beethoven s'y manifestent sans détours. Composée pour Emmanuel von Liebenberg, un riche amateur viennois élève de Hummel, la Fantaisie en ut majeur de Schubert devait offrir au commanditaire l’occasion de mettre en valeur tout l’éclat de son jeu. Schubert compose une œuvre délibérément virtuose, certainement la plus volontairement démonstrative de toute sa production pianistique. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le lien fut établi entre le thème de l’Adagio à variations et le lied Der Wanderer D. 493 de 1816. Jusqu’à cette période, l’œuvre était simplement identifiée comme Fantaisie. Franz Liszt revendiquait l’existence de trois types de composition pianistique : les paraphrases, les transcriptions, les partitions originales. Si le premier type se mesure au degré de liberté et de virtuosité atteint, le deuxième se doit d’être fidèle au texte original, notamment sur le plan harmonique. Pourtant, les transcriptions de lieder de Franz Schubert se caractérisent avant tout par leur audace pianistique, quand Schubert privilégiait une expression austère et essentielle du poème mis en musique.