Budapest Festival Orchestra
Dir. : I. Fischer. R. Buchbinder, piano. Beethoven, Dohnányi, Strauss.
Iván Fischer et le Budapest Festival Orchestra font briller les grandes pages symphoniques de Richard Strauss. Rudolf Buchbinder interprète le souriant Quatrième Concerto de Beethoven.
Au début du XIXe siècle, Ludwig van Beethoven s’attelle simultanément à trois œuvres majeures, l’opéra Leonore (par la suite nommé Fidelio), la Cinquième Symphonie et le Quatrième Concerto pour piano. Même si elles répondent à des genres différents, ces trois compositions témoignent d’influences réciproques. Les notes répétées et le profil rythmique du célèbre « motif du destin » de la Cinquième Symphonie imbibent ainsi le Quatrième Concerto, Témoin d'un désir de modernité, ce dernier s’ouvre sur un geste inhabituel : plutôt que l’orchestre, c’est le piano qui expose le premier thème. La simplicité de celui-ci attire également l’attention de l’auditoire, habitué à un rôle plus démonstratif du soliste. Plus qu’un moderne Prométhée défiant la morale des hommes et de Dieu, le Don Juande Strauss est un personnage assoiffé d’idéal, qui cherche inlassablement dans la ronde des femmes qu’il courtise celle qui saura lui faire trouver l’accomplissement et la plénitude. Du poème inachevé de Lenau (1844), dont il reproduit des extraits en marge de la partition, le jeune Strauss conserve trois idées, désir, possession et désespoir, composant ainsi une musique du flux et du reflux, au rythme d’une quête finalement abandonnée après nombre d’élans et d’étapes. Commencé à l’hiver 1894, Till Eulenspiegel porte en sous-titre « Les Joyeuses équipées de Till l’Espiègle, d’après l’ancienne légende picaresque, en forme de rondeau ». La forme n’est pas celle d’un rondo pur mais peut se lire selon le schéma traditionnel exposition, péripéties, catastrophe (la mort de Till). Dans la Danse des sept voiles où Salomé enflamme les sens d’Hérode afin d’obtenir la tête de Jochanaan, les inflexions exotiques de Strauss ne doivent rien à une quelconque tradition orientale. En revanche, on entend un souvenir de valse viennoise, dont les élans reflètent la sensualité de Salomé et le désir d’Hérode. En ce début de XXe siècle, le corps en mouvement cristallise les pulsions extrêmes et déploie son énergie destructrice.
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