Les Arts Florissants
Dir. : P. Agnew. M. Engeltjes, contre-ténor ; T. Hobbs, ténor ; E. Grint, basse. Bach.
Paul Agnew choisit d’interpréter avec les musiciens des Arts Florissants un ensemble de cantates de Bach du cycle de Weimar en associant le public le temps d’un choral dans un bis participatif.
C’est peut-être dans le voyage qu’il fit à pied d’Arnstadt à Lübeck en 1705 pour y entendre Dietrich Buxtehude, gloire de l’école allemande d’orgue, que le jeune Bach a révélé le plus de lui-même. S’y devine l’image d’un artiste avide de savoir et de découvertes mais au profil plus ou moins atypique et volontiers itinérant. Ce qui lui vaudra, après deux premiers emplois à Arnstadt et Mühlhausen, de se retrouver en fonction à la chapelle de Weimar comme organiste, Cammer-musicus et, à partir de 1714, Konzertmeister. À ce poste, il devait fournir chaque mois, pour le service religieux du duc Guillaume-Ernest, une cantate d’église nouvelle. La Cantate BWV 12 « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen » est l’une des plus expressives que Bach nous ait laissées. Elle baigne dans un climat contritionnel tout à fait significatif du piétisme ambiant de l’époque, Alberto Basso y voyant un conflit emblématique entre tristesse et joie (tristitia et jubilatio) : un thème particulièrement cher à la mystique luthérienne au début du XVIIIe siècle. La Cantate BWV 182 « Himmelskönig, sei willkommen » est une méditation « sur l'amour de celui qui a délaissé la majesté de sa royauté céleste pour adopter la plus humble condition humaine et faire le don de sa vie pour le rachat de l'humanité. Alors que le Christ entre dans Jérusalem pour y être mis à mort et accomplir le plan divin de la Rédemption, les chrétiens, c'est-à-dire son Église tout entière, lui souhaitent la bienvenue, pas tant dans la ville sainte que dans le cœur de chacun. » (Gilles Cantagrel)