Iván Fischer, direction le 17 décembre
Nul ne songerait à le contester : l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam figure parmi les plus grandes phalanges symphoniques du monde, ne quittant jamais le « Top 5 » établi chaque année par les critiques. Il revient à la Philharmonie sous la baguette du chef hongrois Iván Fischer.
À vrai dire, le chef hongrois est un habitué de ce classement, ayant porté l’Orchestre du Festival de Budapest (qu’il a fondé et dont il est toujours le directeur musical) à des sommets qui lui ont valu d’entrer à plusieurs reprises dans cet illustre peloton. Autant dire que ses concerts à la tête du Concertgebouw, qu’il retrouve régulièrement depuis 1987 et dont il est chef invité honoraire, constituent d’authentiques évènements. Ajoutons que pour ce rendez-vous à la Philharmonie, la grande Maria João Pires nous offre un Concerto « Jeunehomme », dont elle est naturellement une interprète absolue.
Le plat de résistance sera la Symphonie n° 8 d’Antonín Dvořák, dont Iván Fischer a d’ailleurs réalisé un excellent enregistrement avec sa formation budapestoise (Decca). Moins célèbre que sa sœur « Du Nouveau Monde », l’avant-dernière symphonie (1890) du compositeur tchèque s’avère prodigieuse dans sa richesse mélodique et rythmique, intégrant dans un romantisme général flamboyant maints éléments populaires (la partition reçut d’ailleurs le surnom de Symphonie « Tchécoslovaque ») tout en préservant une unité musicale admirable. Dvořák réussit le même tour de force en terres poétiques, alternant magistralement allégresse lumineuse et moments de doute, voire d’angoisse tragique, sans jamais se perdre dans les méandres d’une psychologie nombriliste. L’art d’Iván Fischer convient idéalement à cette diversité jubilatoire, d’une rigueur implacable dans la mise en place, lyrique à bon escient, d’une noblesse préservée dans les plus grands fracas. Une soirée qui s’annonce exaltante.