Dmitry Masleev, piano le 7 décembre
La série Piano 4 Étoiles accueille pour la seconde fois un récital de Dmitry Masleev, représentant étincelant de l’école russe du piano. L’occasion de s’étourdir de nouveau d’une beauté sonore incomparable doublée d’une force expressive à la fois puissante et pudique dans sa sincérité.
Comme pour bien des vainqueurs du Concours Tchaïkovski (Dmitry Masleev remporta le Premier Prix en 2015), on surveillait l’évolution musicale de ce virtuose hors pair, nourrissant l’espoir pas toujours exaucé de voir s’ouvrir la chrysalide, de constater qu’un technicien infaillible s’est mué en grand musicien « ayant quelque chose à dire ».
La métamorphose est pour le moins réalisée : certes, Masleev n’a rien perdu de sa prodigieuse aisance digitale et Tchaïkovski (extraits des 18 Pièces pour piano op. 72 et certains des arrangements de Mikhaïl Pletnev de Casse-Noisette) comme Liszt (Danse macabre) devraient littéralement renverser l’auditoire.
Le Chopin de Masleev gagne d’année en année en intensité expressive et ses Nocturnes op. 9 n° 1 et op. 20 (posthume) conjugueront certainement maîtrise du clavier et conduite du discours poétique à l’élégance irréprochable. Aucune mièvrerie à attendre d’un musicien qui préfère sculpter les sonorités et soigner la construction, .
Il est heureux que les jeunes virtuoses s’attachent ces dernières années à défendre des compositeurs rares. On admettra donc une vive curiosité à l’égard de Carl Filtsch, célèbre de son vivant comme jeune prodige et élève – et interprète adoubé par le maître lui-même – de Chopin, dont on découvrira l’Impromptu n° 1 « Adieu ! ».