Portraits d'artistes - Piano

Théo Fouchenneret musique partagée

Théo Fouchenneret
Au Conservatoire Supérieur de Paris, Théo Fouchenneret a pu se former auprès d’Alain Planès, d’Hortense Cartier-Bresson et de Jean-Frédéric Neuburger.
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Révélé par un premier prix au concours international de Genève en 2018, Théo Fouchenneret poursuit un parcours exemplaire dans le milieu musical. Début juin, il rend hommage à quelques compositrices trop souvent négligées dans deux programmes chambristes.

Pour le pianiste, la musique de chambre n’est pas qu’un centre d’intérêt, elle est partie intégrante de son identité artistique : « Je me suis construit dans une famille de musiciens, entouré d’un grand frère violoniste et d’une petite sœur violoncelliste. J’ai souvent envisagé le répertoire, même pianistique, par le prisme de la musique de chambre. Ce répertoire est vraiment la base de mon approche de la musique, je dirais même qu’il fait partie de mon ADN. » Le duo que Théo Fouchenneret a fondé avec son frère le violoniste Pierre Fouchenneret en est sans doute la plus belle preuve. Les deux musiciens se sont lancés dans un projet discographique d’envergure : une intégrale de la musique de chambre de Schumann : « Il est très important pour moi d’approfondir les collaborations artistiques que j’entame, et celle avec mon frère est pensée sur du très long terme. Nous venons d’enregistrer pour le label b-records le troisième volume de notre collection, avec les trios et le Quatuor pour piano et cordes de Schumann. Nous nous sommes entourés pour cela de l’altiste Lisa Berthaud et du violoncelliste Victor Julien-Laferrière. » Celui-ci est également l’un des partenaires de jeu de longue date du pianiste. Il sera à ses côtés pour le concert qui aura lieu à la Cité de la Musique, dans un programme qui nous emmène découvrir la musique française du début du xxe siècle : « J’ai un attachement particulier au répertoire français, et en tant que musicien de cette nationalité, il me semble qu’il constitue aussi un passage obligé. Je l’ai beaucoup étudié et je le défends très régulièrement sur scène, il y a presque toujours une pièce française dans mes programmes. L’époque qui nous intéresse pour ce concert est fascinante. Je pense que la France avait atteint des sommets d’excellence dans le domaine musical en ce temps-là. »

C’est avec une inspiration infinie que Théo Fouchenneret décrit sa vision du répertoire en question : « Pour moi, il est avant tout un art de de la variété des sons. C’est particulièrement vrai au sujet de la musique pour cordes, mais cela s'applique également au piano. Les interprètes de ces années-là, selon le peu de traces qu'on en a, étaient inventifs et habités d’une très forte poésie. Je pense à Alfred Cortot pour le piano ou Jacques Thibault pour le violon par exemple. Aujourd’hui, il faut réussir à s'inspirer de ces génies. Il me semble d’autre part que l’art du chant est au cœur du répertoire français, et la mélodie revêt une importance particulière. Il y a un rapport très fort aux mots et à la littérature qui déteint partout, y compris dans ce qui n’est pas de la musique vocale. » À la Cité de la musique, ce ne seront pas les œuvres les plus connues du répertoire que nous pourrons entendre, mais plutôt des pépites rares élaborées par des compositrices : « J’ai très souvent joué Fauré ou Chausson, et je trouve qu’il est important maintenant de redécouvrir certaines compositrices de l’époque qui méritent autant d’avoir une place dans l’histoire. »

Des noms à redécouvrir

Le public pourra ainsi se familiariser avec des œuvres de Henriette Renié, des sœurs Lili et Nadia Boulanger ou encore de Mel Bonis, un programme qui avait été enregistré il y a quelque temps par le Palazzetto Bru Zane : « Bien entendu j’adore pouvoir réécouter encore en encore les célèbres chefs-d’œuvre du répertoire français, mais il faut aussi réparer des injustices en faisant de la place à d’autres partitions laissées dans l’ombre. Certaines œuvres extraordinaires n'ont pas eu la chance de passer l'épreuve du temps, et ce n'est pas toujours à cause d’un éventuel manque qualité, loin s’en faut. Quand nous avons lu pour la première fois la Sonate pour piano et violoncelle d’Henriette Renié avec Victor, ce fut un vrai choc. L’œuvre est absolument magnifique, ambitieuse, très inspirée. Elle se situe dans la lignée de la musique de César Franck. Pour moi, elle vient vraiment renouveler le répertoire des grandes sonates pour deux instruments. »

Quelques jours après ce concert, on retrouvera Théo Fouchenneret à la Salle Ovale (Richelieu) de la Bibliothèque Nationale de France. Toujours en formation chambriste, il sera épaulé cette fois de son frère Pierre et de la mezzo-soprano Marielou Jacquard. Le programme, qui fait partie de la saison musicale organisée avec Radio France, est dédié à Marguerite Canal, une autre compositrice oubliée : « Quand j’ai découvert sa musique, j’ai été tout de suite conquis par son immense qualité. On sent qu’il y a un vrai travail d’artisanat de compositeur, ce ne sont pas juste de jolies mélodies, et cet aspect-là me parle beaucoup. J’affectionne notamment la Sonate pour violon et piano, et je suis enthousiaste à l’idée de la défendre. » Les mois et années à venir seront tout aussi fertiles pour le pianiste. Outre la poursuite de ses collaborations chambristes et de sa Collection Schumann, Théo Fouchenneret sortira un nouvel album consacré à Fauré à la rentrée prochaine.

 

Élise Guignard

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