Jean-Christophe Lanièce Profondeur fauréenne
Parmi les barytons français de la nouvelle génération, Jean-Christophe Lanièce s’est assuré une place solide dans le milieu lyrique. Ancien étudiant de la Maîtrise Notre-Dame de Paris, il retrouve la cathédrale qu’il connait bien à l’occasion d’un Requiem de Fauré.
C’est au terme d’un parcours idéal au sein de prestigieuses institutions françaises que Jean-Christophe Lanièce a vu débuter sa vie professionnelle : « Quand j’étais enfant, j’ai suivi la formation de la Maîtrise de Caen en horaires aménagés. C’est ce qui a fait naître mon envie d’être chanteur. J’ai ensuite intégré la Maîtrise Notre-Dame de Paris, où les études était très complètes, aussi bien vocalement que musicalement. Nous avions d’excellents professeurs et j’en garde un superbe souvenir. Puis la dernière étape a été le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Tout au long de ma formation, j’ai eu la chance de rencontrer de grandes personnalités qui furent très importantes dans mon évolution artistique, notamment Lionel Sow, qui dirigeait la Maîtrise Notre-Dame quand j’y étais et qui est pour moi l’un des plus grands chefs de chœur français, et des chefs de chant comme Susan Manoff ou Anne Le Bozec. Ma rencontre avec Stéphane Degout fut aussi marquante : c’est avec lui que j’ai pu chanter mon premier Pelléas alors qu’il chantait son premier Golaud. Ce furent des moments incroyables. »
De l’opéra baroque aux œuvres contemporaines, en passant par l’opérette, le bel canto, la musique de chambre et l’oratorio, le chanteur ne cherche pas à privilégier un répertoire au détriment d’un autre : « J’aime toutes sortes de musiques. Le socle de ma formation est avant tout baroque, certes, mais j’ai rapidement abordé tous les répertoires. En ce moment je chante l’Oratorio de Noël de Saint-Saëns avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg et c’est un vrai bonheur. Juste avant je chantais Saül dans David et Jonathas de Charpentier, ce que j’ai adoré tout autant. Ce sont certains projets en eux-mêmes qui me passionnent, au-delà de toute question de styles ou d’époques. Les équipes artistiques nourrissent davantage mes envies que les partitions seules. »
Passion et humilité
A la cathédrale Notre-Dame de Paris, le baryton interprètera le Requiem de Fauré aux côtés de la maîtrise de la cathédrale et de l’Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes, placés sous la direction d’Henri Chalet et Emily Fleury : « Lorsque j’étais à la Maitrise de Caen, une tradition voulait qu’on fasse chaque année en alternance soit le Requiem de Duruflé soit celui de Fauré. J’ai souvent chanté le « Pie jesu » du second quand j’étais enfant, et je connaissais tout cet ouvrage par cœur avant même de le chanter adulte. Il m’a accompagné toute ma vie. J’aime son épure et sa finesse, on sent que Fauré voulait s’éloigner des grands Requiem opératiques du XIXe siècle. Je pense qu’il faut aborder cette musique avec beaucoup d’humilité, de simplicité, ce qui n’enlève rien à l’investissement vocal et émotionnel nécessaire pour l’interpréter. Il ne faut pas se méprendre : elle demande une vraie disponibilité physique, contrairement à ce que l’auditeur pourrait penser face à la limpidité de l’écriture. »
En tant qu’ancien chanteur de la Maîtrise Notre-Dame, Jean-Christophe Lanièce est impatient de chanter de nouveau sous les voutes de la cathédrale : « Je me souviens très bien du jour où la cathédrale a brûlé. Certains de mes meilleurs amis sont des chanteurs que j’avais rencontrés à la Maîtrise Notre-Dame et nous nous sommes appelés ce soir-là. Nous étions sous le choc car cette cathédrale était un peu notre maison. J’ai hâte de pénétrer de nouveau dans cette cathédrale qui renait. C’est un grand honneur et un grand plaisir de pouvoir y rechanter. Je remercie chaleureusement Henri Chalet d’avoir d’invité d’anciens artistes de la maîtrise pour la saison de réouverture, cela me touche beaucoup. »
Les prochains mois et années devraient amener eux aussi leur lot d’émotions : « Prochainement je chante le mari dans Les Mamelles de Tirésias, un rôle redoutable mais qui m’amuse beaucoup. Je vais aussi reprendre une Carmen montée avec la compagnie Maurice et les autres, dirigée par Jeanne Desoubeaux qui est une étoile montante de la mise en scène. Cette production itinérante est donnée en extérieur, et le public est intégré au spectacle. Ce type de projets où l’on parvient à toucher des personnes peu familiarisées avec l’opéra me passionne, et je pense qu’ils sont essentiels. Dans les prochaines saisons, je vais aussi me plonger davantage dans le répertoire mozartien, avec des rôles comme Guglielmo ou Papageno que je n’ai pas encore chantés dans des grandes maisons d’opéra. J’en suis très heureux. »
Elise Guignard - publié le 02/01/25