Alexandre Bloch sur tous les fronts
Difficile de ne pas se laisser emporter par l’enthousiasme rayonnant d'Alexandre Bloch, enthousiasme qui fait magnifiquement écho à l’intense activité que le jeune chef français mène ces jours-ci avec son orchestre national de Lille.
À l’heure où ses propos étaient recueillis, Alexandre Bloch s’apprêtait à donner le premier concert avec public de son orchestre, tout en répétant avec intensité Tosca à l’Opéra de Lille. Alexandre Bloch cultive avec talent l’art du grand écart : « Il s’agit de plusieurs grands écarts en fait. Pour la réouverture, nous avons un programme « classique » consacré à Mozart et Schubert avec une toute petite partie de l’Orchestre car le plus gros des effectifs répète Tosca. Nous avons maintenu à l’Opéra la grande formation requise par Puccini moyennant une disposition particulière en empiétant sur les places d’orchestre et du premier balcon. Les musiciens sont disposés à 360 degrés tout autour de moi, et je dois dire que cela fonctionne merveilleusement. Cela nous fait un bien fou de nous retrouver enfin en grande formation symphonique et j’avoue être assez fier du travail fait sur les équilibres ».
Un peu plus tard, le Lille Piano(s) Festival organisé par l’Orchestre depuis près de vingt ans s’ouvrira en grandes pompes, qui demandera tout autant d’énergie : « Là aussi nous sommes heureux de pouvoir retrouver notre public, car en 2020, nous avons eu un Lille Piano(s) Festival purement digital. Ma première participation au festival s’est donc fait sans public mais cette année, j’aurai le plaisir d’ouvrir physiquement la manifestation en compagnie de Lucas Debargue dans le Concerto n° 2 de Prokofiev ; il y aura également le Concert românesc de Ligeti, un pièce très folklorique, proche de ce que fait un Bartók, avec des thèmes populaires mettant très en valeur l’orchestre ».
Grand changement de décor sonore pour la fin de saison, avec un événement qui concerne directement le public parisien, avec une très attendue Belle Hélène d’Offenbach au 15 Avenue Montaigne : « Cette Belle Hélène fait partie de notre festival propre intitulé Les Nuits d’été et fera escale au Théâtre des Champs-Élysées avant de venir ici, avec une formidable distribution dont je suis très fier. Je suis très heureux de retrouver Cyrille Dubois avec qui nous avons donné, déjà aux Champs-Élysées, puis enregistré Les Pêcheurs de Perles de Bizet. Il s’agira en revanche de ma première collaboration avec Gaëlle Arquez, même si nous avons étudié ensemble au Conservatoire. À Lille, nous aurons une mise en espace élaborée par Lionel Rougerie, à qui j’ai également demandé de réécrire certaines parties des textes parlés pour remettre au goût du jour le livret tout en gardant la verve d’origine. Ça va être un très grand plaisir ».
Il n’était pas aisé pour Alexandre Bloch de succéder à Jean-Claude Casadeus et sa nomination en 2016 avait suscité une grande curiosité. La réussite s’avère incontestable et reconduit à sa fonction en 2018, il n’a de cesse d’insuffler à l’Orchestre National de Lille un dynamisme qui ne se dément pas. Sans pour autant sacrifier une carrière internationale florissante, comme le prouvent certains engagements prestigieux : « Au Staatsoper de Munich, j’aurai le privilège de diriger une production de Carmen à l’automne puis un opéra de Georg Friederich Haas, Thomas, qui sera combiné avec le Lamento d’Arianna de Monteverdi. J’ai la chance d’être un chef qu’on n’enferme pas dans une catégorie ».
Yutha Tep