Portraits d'artistes - Chef

Johan Farjot mille et une facettes

Johan Farjot
Pianiste et chef d'orchestre, Johan Farjot a aussi étudié la composition auprès de personnalités telles que Michaël Levinas ou Thierry Escaich.
Partager sur facebook

Pianiste, chef d'orchestre, compositeur : Johan Farjot est de ces artistes dont l'énergie et l'enthousiasme augmentent au fur et à mesure que les défis se multiplient. Rencontre avec un musicien à l'inventivité apparemment inépuisable.

Le calendrier de Johan Farjot impressionne par sa densité et par la diversité des rendez-vous, entre concerts avec l'Ensemble Contraste, ceux à la tête de l'Orchestre et Chœur de Paris Sciences & Lettres, ou encore la sortie récente d'un disque intitulé Lovescapes chez Alpha Classics. Il est toutefois fort à parier que les mélomanes connaissent surtout Johan Farjot à travers l'Ensemble Contraste, qu'il fonde en 2000 avec le violoniste et altiste Arnaud Thorette, son complice de toujours, et qui constitue plus que jamais une part essentielle de ses activités : « Contraste me nourrit musicalement, parce que je fais des dizaines, voire des centaines, de concerts chaque année avec l’ensemble. Cette pratique instrumentale de très haut niveau est précieuse car elle m’assure aussi un réseau d’amitiés qui transparaissent dans le disque et n’auraient pas été possibles sans Contraste. Mon métier d’arrangeur pour Contraste m’a de même conduit à des réflexions instrumentales qui m’ont été utiles dans mes compositions. Tout cela fait sans doute qu’en tant que chef, j’ai une manière plus pratique, un peu moins théorique, que je peux transmettre à mes étudiants ».

L'Orchestre & le Chœur Paris Sciences & Lettre

Ces étudiants sont les jeunes et valeureux membres de l'Orchestre et Chœur Paris Sciences & Lettres, qu'il dirige depuis maintenant dix ans : « Paris Sciences & Lettres est un regroupement d’écoles qui existaient déjà, mais l’ensemble qui porte ce nom est né il y a dix ans, et cela fait donc presque dix ans que je dirige l’Orchestre et le Chœur PSL. Toute grande université inscrite au classement mondial – c’est le cas de PSL – doit se doter de son orchestre et chœur, et c’est ce qui a été réalisé sous ma direction. Les élèves viennent d’établissements très prestigieux comme l’École Normale Supérieure, l’École des Mines ou l’Université Dauphine, mais aussi d'écoles partenaires comme le Conservatoire National Supérieur de Musique et le Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique, je n’en cite que quelques-uns ». La place manquant ici pour détailler les activités de ces formations, nous nous contenterons d'en évoquer les fort brillants résultats : « De grands artistes professionnels, par exemple ceux de Contraste, assurent l'encadrement et nous essayons d’inviter de grands solistes. Tous nos concerts rencontrent toujours un grand succès, avec une énorme part de l’auditoire constituée de jeunes mélomanes. Notre niveau n’a cessé de monter. Pour donner un exemple, le Chœur a acquis un véritable statut d’ensemble invité, ce qui est très stimulant pour tous. Il a par exemple chanté le Requiem de Mozart avec l’Orchestre de la Garde Républicaine sous la direction de François Boulanger au Musée de l’Armée en novembre dernier. Il a aussi été invité par l’Orchestre Appassionato de Matthieu Herzog à La Seine Musicale dans la série Vous avez dit classique, dans des extraits de Bizet puisque le sujet en était Carmen. Chanter dans de tels lieux constitue une expérience merveilleuse ».

Pour le plaisir

Le chef d'orchestre se double d'un compositeur qui fait fi des modes et des querelles de chapelle. Il le démontre dans ce Lovescapes publié il y a peu par Alpha Classics : « L’origine du disque a été d’abord littéraire, grâce à ma rencontre avec David Tepfer, dont la poésie très libre et très amoureuse – d’où le titre de Lovescapes – a été une grande source d’inspiration. J’ai tout de suite entendu dans ma tête les minimalistes américains, Copland, ou même la musique pop. C’est l’accentuation américaine qui a guidé mon écriture, car on ne chante pas cette langue comme on chante le français. Mais je suis un produit du Conservatoire de Paris – je dis cela avec fierté –, et j’ai donc des modèles nationaux, comme Fauré. Je suis aussi très impressionné par l’écriture vocale de Lili Boulanger. J’écoute beaucoup la musique atonale et l’admire, mais j’écris de la musique tonale sans aucun complexe et c’est là l’un des grands acquis de notre xxiesiècle. Certains musiciens se déchirent encore sur cette question, soyons honnête, mais on peut maintenant dépasser cette querelle. J’écris une musique qui me plaît, simplement. Elle peut ne plaire à personne d’autre, mais au moins j’ai écrit pour le plaisir ». Plaisir aussi pour les interprètes, si l'on considère l'étourdissante distribution vocale qui réunit, pour n'en citer que quelques-uns, Sandrine Piau, Stanislas de Barbeyrac, Jeanne Gérard ou Rosemary Stanley.

Au Bal Blomet, Johan Farjot retrouve son piano pour une soirée consacrée à la clarinette avec Raphaël Imbert au saxophone et l'ensemble de clarinettes belge IMEP Clarinet Choir dirigé par Jean-Luc Votano. Une soirée à l'image de ce musicien infatigable, passionné par les horizons nouveaux.

 

Yutha Tep

Restez connectés