Alphonse Cemin un musicien sans limites
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Rien n’échappe à la perspicacité d’Alphonse Cemin dont l’activité a pris désormais une dimension internationale. Chef de chant recherché, accompagnateur ou pianiste soliste, également chef d’orchestre, il conserve une fidélité sans faille pour le Théâtre de l’Athénée Louis Jouvet où il a ressuscité en 2014 les légendaires Lundis Musicaux qui accueilleront en mai un récital en compagnie de la mezzo-soprano Marianne Crebassa.
Alphonse Cemin est un artiste aux talents multiples auquel rien de ce qui concerne la musique ne semble étranger. Ce cofondateur du collectif Le Balcon si engagé dans la musique de notre temps vient d’achever au mois d’avril une tournée de plusieurs mois en Angleterre autour de l’opéra Les Capulets et les Montaigus de Bellini. Bien connu pour son travail dans les domaines les plus variés, on ne lui connaissait pas cette appétence pour un répertoire dans lequel il s’ébroue en tant que chef d’orchestre avec un enthousiasme non dissimulé. « J’éprouve en fait de plus en plus de passion pour le belcanto qui me procure beaucoup de joie. A l’Opéra d’Athènes, la saison dernière, j’avais déjà dirigé Les Puritains, et ma nouvelle expérience à Londres et dans toute l’Angleterre avec plus de treize représentations pour Les Capulets et les Montaigus me conforte dans mes choix, ce qui ne m’empêche pas de poursuivre une carrière avec Le Balcon ou à titre personnel comme cela a été le cas pour Iphigénie en Tauride de Gluck à l’Opéra de Lorraine la saison dernière. »
Un amour immodéré de la voix
Tous ceux qui ont eu l’occasion d’assister à un concert d’Alphonse Cemin savent combien il entretient une relation de proximité avec les chanteurs. De son séjour à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, outre la connaissance de la voix, il a bénéficié de rencontres dont il tire aujourd’hui le plus grand profit sur le plan musical. « J’ai très tôt été attiré par la voix y compris lors de mes études de flûte traversière puis de piano. C’est ainsi que progressivement j’ai pu créer des liens avec des interprètes que je continue d’accompagner tels Julie Fuchs avec laquelle j’ai enregistré un CD de mélodies de Mahler et Debussy chez Aparté en 2012, Cyrille Dubois ou encore Marianne Crebassa. Le récital chant/piano crée un rapport direct avec la poésie comme si on la ressentait directement sous les doigts. » On pourra le vérifier à l’écoute du premier concert à l’Athénée de Marianne Crebassa dans un récital de lieder et de mélodies. « J’ai rencontré Marianne à l’Académie de l’Opéra de Paris, et depuis j’ai eu à de nombreuses reprises l’occasion de me produire avec elle dans des lieux de prestige comme la Scala de Milan, le Konzerthaus de Vienne, le Palais des Arts de Valence. A l’Athénée, le programme que nous avons conçu s’articule autour des Kindertotenlieder de Mahler, une œuvre chère à la voix de mezzo-soprano ou de contralto. Nous y avons joint des pages de Debussy et Ravel qui feront contraste avec cette œuvre prémonitoire si bouleversante d’humanité. »
Des projets en cascade
Des projets, Alphonse n’en manque pas, lui qui ne cesse d’élargir son champ de compétences depuis Rameau ou Gluck jusqu’aux compositeurs des XXe et XXIe siècles parmi lesquels Schoenberg, Stravinski, Berio, Boulez, Stockhausen, Benjamin, Grisey… « A la fin du mois de mai, je serai à Londres au Wigmore Hall pour Le Marteau sans maître de Pierre Boulez que je reprendrai au Festival Britten d’Aldeburgh en juin, puis en juillet aux Prom’s. Le Festival de Salzbourg m’accueillera en août pour Les Trois Sœurs de Peter Eötvös et Sur incises de Boulez avec Le Balcon. Parmi les autres spectacles prévus, en novembre j’interpréterai le Concerto n°1 de Beethoven et celui en sol de Ravel au Japon avec l’Orchestre de Kanazawa. La saison prochaine je retournerai à Nancy pour l’opéra Curlew river de Britten. » A coup sûr, de telles perspectives enchantent au même titre que ce récital à l’Athénée placé sous le signe indéfectible de l’amitié et de la complicité.
Michel Le Naour - publié le 01/05/25
