Coups de cœur - Coups de cœur

Jérôme Correas, direction le 25 novembre

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Passionnante soirée dont le titre, « Lucrezia, portraits de femme », s’avère pour le moins légitime, avec deux chanteuses d’exception, Sandrine Piau et Lucile Richardot, aux côtés des Paladins de Jérôme Correas.

Lucrezia s’incarne presque entièrement dans l’héroïne de Händel dont la cantate O numi eterni que les amoureux des hautes époques connaissent sous le titre de « La Lucrezia ». Durant son séjour en Italie autour de 1705-1707, Händel laissa un corpus de cantates qui dessinaient déjà le langage des chefs-d’œuvre à venir et dont la plus célèbre est précisément « La Lucrezia ». Écrite pour la mezzo-soprano Margherita Durastanti, avec laquelle Händel allait collaborer durant des décennies, cette ample partition alterne récitatifs hallucinés et airs mélodiquement imparables.

Violée par le fils du roi étrusque Tarquin le Superbe, la patricienne Lucrèce préfère se donner la mort plutôt que de vivre dans le déshonneur ; son geste fatal précipitera la révolte des Romains et la chute de la domination étrusque. Érigé en symbole de courage et de détermination dès l’époque de l’historien Tite-Live (Ier siècle avant J.-C.), le personnage appartient au substrat culturel de l’Europe baroque, et d’autres compositeurs lui consacrèrent des pages moins célèbres mais néanmoins superbes. Jérôme Correas convoque à juste titre Scarlatti père (Lucretia romana) ou Monteclair (La Morte di Lucretia), mais aussi le si singulier Benedetto Marcello (Lucrezia).

Deux grandes voix françaises rompues à cette musique aussi virtuose que théâtrale vont faire palpiter le public de la Salle Cortot, la soprano Sandrine Piau et la mezzo Lucile Richardot. Il va sans dire que Les Paladins de Jérôme Correas (photo) sont ici dans le cœur de leur répertoire. Une soirée assurément superbe.

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