Dossiers Musicologiques - XXe siècle

La musique de Rita Strohl

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Bien qu’elle reste encore peu connue des mélomanes, la musique de Rita Strohl commence petit à petit à trouver sa place dans les salles de concert. En octobre à la Philharmonie, Case Scaglione dirige l’Orchestre national d’Île-de-France dans un programme qui la met à l’honneur et l’associe au Concerto pour violoncelle de Dvořák.

Ces dernières années ont permis la redécouverte de nombreuses femmes compositrices trop longtemps laissées dans l’ombre. Parmi elles, Rita Strohl a fait l’objet d’une attention particulière. Certains la connaissaient déjà pour sa Sonate dramatique « Titus et Bérénice », qui reste l’une de ses œuvres les plus célèbres, mais le catalogue de la musicienne recèle en réalité bien d’autres trésors qui méritaient d’être exhumés.
Né à Lorient en 1865, Rita Strohl fit montre d’un talent précoce. Elle put intégrer le Conservatoire de Paris à seulement 13 ans, où elle étudia le chant, le piano, l’écriture et l’harmonie. Elle se fit rapidement remarquer des autres élèves par sa personnalité forte et son besoin d’indépendance. Peu convaincue par certains aspects de sa formation musicale, elle écrivit notamment ses propres leçons de solfèges. Ce fut dans les années 1880 qu’elle commença à composer. Parmi ses pièces chambristes les plus marquantes, on peut citer un Septuor pour cordes et piano (1890) et la Sonate de la mer pour alto, violoncelle et piano (1893) - en plus de la Sonate « Titus et Bérénice » déjà citée (1898). Elle s’intéressa grandement à la musique vocale et à la poésie, nous laissant une cinquantaine de mélodies dont l’écriture pianistique est toujours très soignée. Dans ce domaine, ses pages les plus célèbres sont le recueil des Chansons de Bilitis (1898) basé sur des poèmes de Pierre Louÿs. Rita Strohl se consacra également à la musique symphonique : elle composa sa première symphonie à seulement 20 ans, qui est la Symphonie lyrique Jeanne d’Arc. Vinrent ensuite la Suite d’orchestre Atala et René (1887), la Symphonie de la forêt (1901) ou encore la Symphonie de la mer. Dans les années 1900, Rita Strohl exprimait de plus en plus son goût pour le mysticisme et la spiritualité dans sa musique. En témoignent des œuvres telles que Les Noces spirituelles de la Vierge Marie (1903) ou La Femme pécheresse (1913). La musicienne commença à composer de grandes œuvres lyriques influencées par les théories symbolistes : un cycle chrétien, un cycle celtique et un cycle hindou. Elle créa en 1912 à Bièvres le Théâtre de la Grange avec son second époux Richard Burgsthal, dans l’idée de les faire représenter. Mais l’arrivée de la guerre tua le projet dans l’œuf.
A son époque, Rita Strohl était admirée par le milieu musical : les Concerts Lamoureux créèrent une partie de ses œuvres et bien des compositeurs saluaient son travail, comme Chausson, Saint-Saëns ou Duparc. Pour autant, une grande partie de sa musique ne vit jamais le jour dans les salles de concert. Ce mois-ci à la Philharmonie, on pourra découvrir la Symphonie de la forêt. Rita Strohl l'évoquait comme « une sorte d’identification de l’âme avec la Nature ». La mélodie avec orchestre Les Cygnes est également au programme, interprétée pour l’occasion par Marie Perbost.

 

Elise Guignard - publié le 2 octobre 2024

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