Portraits d'artistes - Cordes

Quatuor Voce Chemins de traverse

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Cela fait une vingtaine d’années que le Quatuor Voce fait vivre les chefs-d’œuvre du répertoire chambriste tout en se lançant dans de fascinantes aventures artistiques. Ce mois-ci, les musiciens proposent un programme au Musée d’Orsay en lien avec un tableau de Claude Monet. Rencontre avec la violoniste Cécile Roubin.

Constitué aujourd’hui des violonistes Sarah Dayan et Cécile Roubin, de l’altiste Guillaume Becker et du violoncelliste Arthur Heuel (depuis 2024), le Quatuor Voce a vu le jour en 2004 : « À l’origine, c’est l’envie d’explorer du répertoire qui nous a incités à fonder le quatuor. Par la suite on s’est aussi rendu compte qu’avoir notre ensemble nous donnait une immense liberté artistique, on peut emprunter toutes sortes de chemins différents, on peut commander des œuvres… Le travail de groupe est aussi très stimulant, on s’enrichit des découvertes de chacun. » Le quatuor ne semble en effet jamais à court d’idées et embrasse un large répertoire : « Nous avons toujours évité de nous enfermer dans une case, d’autant plus que le quatuor à cordes souffre d’une image un peu « niche » qui ne le représente pas dans toute sa diversité. On essaie justement de le faire sortir des stéréotypes trop sérieux. On cultive la curiosité et on aime emprunter des chemins de traverse. Des quatuors de Haydn jusqu’à la création contemporaine, on aborde toutes les époques. Après, il faut reconnaître qu’à l’étranger on nous demande souvent de la musique française, donc on joue beaucoup ce répertoire aussi. D’ailleurs, notre dernier projet discographique paru est un diptyque qui s’intitule Poétiques de l’instant et qui s’articule autour des quatuors de Ravel et de Debussy. » Au-delà des concerts, des projets de plus grande ampleur ont aussi été construits : « Notre avantage en tant que quatuor c’est aussi de pouvoir être nomade, nous n’avons besoin que de quatre chaises et quatre pupitres, on peut jouer partout. On a ainsi créé des festivals dans différentes régions, comme Quatuor à Vendôme en 2017, les Rendez-vous des Princes en 2021 ou les Éclats Musicaux en 2024. »

Musique et peinture

Comme on s’en doute, les Voce n’hésitent pas à franchir les frontières entre les styles et considère la rencontre des arts comme faisant partie de son ADN : « On a collaboré avec des chanteurs pop, des danseurs, des musiciens issus des musiques traditionnelles. On met régulièrement en musique des films muets.  » Le lien entre peinture et musique se fait tout aussi naturellement pour eux, et le concert du 11 février au Musée d’Orsay est rattaché au tableau de Claude Monet « Londres, le Parlement. Trouée de soleil dans le brouillard » : « Nous avions fait plusieurs propositions au musée et c’est celle-ci qui a été retenue. Le tableau en question, même s’il n’est pas très grand, est très impressionnant par la lumière qu’il dégage. On a choisi de jouer le Quatuor de Ravel car il a été composé la même année qu’a été peint le tableau : en 1904. C’est une œuvre emblématique pour n’importe quel quatuor à cordes, elle nous accompagne presque depuis nos débuts. La musique de Ravel est d’une précision infinie, on dirait de l’horlogerie. Nous avons visité il y a longtemps sa maison à Monfort-l’Amaury et on peut observer là-bas tous les petits jeux mécaniques qu’il aimait. Ce goût se retrouve dans ses œuvres, on doit faire ressortir cette clarté, cette transparence. L’autre œuvre au programme est le Quatuor op. 80 de Mendelssohn. L’écriture est beaucoup plus dense, et même passionnée. On est pris dans une sorte de tourbillon de sentiments contradictoires avec la révolte, le désespoir, la nostalgie, la tendresse… »
Dernièrement, des projets toujours plus créatifs continuent de voir le jour : « Mon collègue Guillaume s’est passionné pour Akira Mizubayashi, un auteur japonais qui écrit sur la musique, et il nous l’a fait découvrir. On prépare un projet Beethoven qui intègre certains de ses textes, où on collabore avec des chansigneurs. Quant à notre prochain disque, il sera dédié à la musique argentine sous toutes ses coutures. » On a hâte de le découvrir !

Elise Guignard - publié le 29/01/25

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