Raphaëlle Moreau Violoniste dans l’âme
Dans le vivier musical de la fratrie moreau si prolifique en talents confirmés ou prometteurs, Raphaëlle occupe, à 25 ans, une place de premier plan. Concertiste soliste et chambriste recherchée, elle jouera en novembre le concerto de Beethoven, passage obligé de tout prince de l’archet.
Raphaëlle Moreau n’a jamais douté de sa vocation de violoniste : « À 4 ans, j’ai débuté l’apprentissage de cet instrument avec la méthode Suzuki, une façon ludique d’appréhender le violon avec des objets en bois. Très tôt, Anne-Sophie Mutter me fascinait avec ses tenues de concert et je voulais lui ressembler. Plus tard, j’ai éprouvé une admiration sans borne pour Michaël Rabin dans les Caprices de Paganini. » Grâce à des parents mélomanes et à la fréquentation de son frère aîné, Edgar, violoncelliste, l’adolescente s’immerge dans la musique, entre à 14 ans au Conservatoire Supérieur de Paris dans la classe de Roland Daugareil, puis reçoit l’enseignement de Pavel Vernikov à Fiesole avant d’intégrer la Haute École de Musique de Lausanne auprès de Renaud Capuçon, son mentor, qui l’invite aujourd’hui au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence ou aux Sommets Musicaux de Gstaad : « Comme lui, quelques années plus tard, j’ai occupé le poste de violon solo du Gustav Mahler Jugenorchester, une expérience unique qui vient de s’achever et m’a permis de prendre conscience de la responsabilité que cela impose vis-à-vis des collègues tant sur le plan humain que musical. Il m’arrive de me produire dans cette même fonction auprès de différentes phalanges françaises ou européennes, mais cela ne constitue pas pour moi une fin en soi. L’essentiel de mon activité est d’être soliste et j’apprécie spécialement la musique de chambre, pratiquée étudiante au sein de l’Académie Seiji Ozawa, de la Kronberg Academy ou plus régulièrement avec mes frères. Actuellement, j’y consacre une part importante de mon temps. » La parution récente d’un CD avec la Suite op. 23 de Korngold et les Bagatelles de Dvořák (chez Erato) enregistrées par la fratrie Moreau a été tout particulièrement remarquée par la critique : « C’est une plongée dans l’univers de l’Europe Centrale avec des pages de deux compositeurs qui ont vécu aux États-Unis et dont le lyrisme à fleur de peau séduit toujours le public. »
Salle Gaveau, avec l’Orchestre Pasdeloup qui fête ses 160 ans, Raphaëlle participera à un programme au titre évocateur « Joyaux » en compagnie de la jeune cheffe coréenne Sora Elisabeth Lee, récemment nommée à l’Opéra Studio de l’Opéra National du Rhin. « Le Concerto de Beethoven est une partition que je connais depuis longtemps pour l’avoir souvent entendue en boucle au disque dans des interprétations de rêve par Oïstrakh, Heifetz, Zimmermann, puis apprise par cœur en m’imprégnant du texte. Ce sera la première fois que je jouerai cette page emblématique en concert, et cela me ravit tant elle dégage d’émotion. Il faut conjuguer engagement et concentration avec un violon souvent exposé à nu au-dessus de l’orchestre. »
Outre la musique, Raphaëlle Moreau aime la vie dans toute son acception, fait du yoga, cuisine, lit et se ressource dans la nature. Pour l’avoir entendue en octobre dans le Concerto « La Campanella » de Paganini dont elle maîtrisait autant la virtuosité que le belcanto, gageons que cette jeune femme talentueuse, empathique et souriante aura à cœur d’élever les effluves sonores du Concerto en ré majeur de Beethoven sur les plus hautes cimes de l’interprétation.
Michel Le Naour