Coups de cœur - Musique ancienne

Timothy Ridout, alto le 4 février, Salle Cortot

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Les altistes « stars » ne sont pas légion et il faut accorder à Timothy Ridout l’attention que son talent exceptionnel. À la Salle Cortot, il se présente en compagnie de son seul alto, dans un programme superbe consacré essentiellement à Johann Sebastian Bach.

Sans doute de par la nature de l’instrument et du répertoire qui lui est dévolu, l’alto ne bénéficie sans doute pas de la même faveur auprès du public que son frère, le violon. Mais les grands altistes qui émergent régulièrement sur les scènes internationales s’affirment tous des musiciens d’exception et le jeune Britannique Timothy Ridout en administre une nouvelle fois la preuve. Formé à la Royal Academy of Music de Londres, disciple de la grande Nobuko Imai (une véritable légende), il mène une carrière fulgurante, aussi bien avec les grandes phalanges symphoniques qu’avec des partenaires en musique de chambre illustre. À la Salle Cortot, il se présente toutefois seul, dans un programme ô combien exigent.
L’alto impose des sonorités protéiformes, capable de la lumière radieuse du violon comme des timbres moirés du violoncelle, et Timothy Ridout va s’attacher à illustrer cette passionnante ambivalence : il s’attaque aussi bien à la Suite pour violoncelle seul n° 1 BWV 1007 et son célèbre Prélude qu’à la Partita pour violon seul n° 2 BWV 1004 avec son immense et immortelle Chaconne, deux monuments du génie contrapuntique de Bach donnés ici dans deux transcriptions. En revanche, l’Elegy de Britten est une œuvre originale pour alto solo (écrite en 1929 mais créée seulement en 1984 par Nobuko Imai précisément), que l’on aime passionnément pour son intense mélancolie. Quant à Caroline Shaw, compositrice née en 1982, le public parisien a pu découvrir l’inventivité et l’énergie sans limite de sa musique lors du Festival Présences 2024 consacré à son mentor, Steve Reich. On entendra sa pièce In manus tuas dans sa version pour alto, qui explore toutes les ressources de l’alto (y compris la voix) et tisse une toile fascinante de références musicales.
Signalons la parution chez Harmonia mundi d’un enregistrement consacré – presque – au même programme.

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