Portraits d'artistes - Voix

Marie-Nicole Lemieux passion Verdi

Marie-Nicole Lemieux Partager sur facebook

Pour débuter la saison 2024-2025, la contralto québécoise pose ses valises en France avec Verdi dans la tête et dans le cœur. Au programme : le fameux Requiem et l’opéra Falstaff dans lequel elle interprète le rôle de Mrs Quickly qu’elle connait bien.

Les années passent mais ne ternissent pas le bonheur de chanter qui rayonne chez Marie-Nicole Lemieux depuis ses débuts. Bien au contraire : « J'ai toujours vécu des moments extraordinaires, mais les trois dernières années furent inoubliables avec ma première Carmen sur scène à Toulouse et à Orange, Cassandre dans Les Troyens à Munich, mon retour au Metropolitan de New York, l’enregistrement du Chant de la Terre de Mahler et la tournée avec les Siècles… Ces expériences m’ont énormément nourrie sur le plan artistique. Les gens viennent souvent me voir à la fin des concerts, et j’aime sentir que la musique leur a fait du bien. Je me sens utile et c’est quelque chose de très important pour moi. On dirait que plus le temps passe, plus les moments forts se multiplient. »

Célébrer la vie

En septembre et octobre à Paris, elle mettra tout son talent au service de Verdi. On entendra à la Philharmonie le Requiem dirigé par le grand Riccardo Muti, avec le Chœur de Radio France et l’Orchestre National de France : « Je suis bénie des Dieux en ce qui concerne les Requiem de Verdi. J’ai pu l’interpréter avec des chefs inestimables comme Daniele Gatti ou Michele Mariotti. Aujourd’hui j’ai l’immense honneur de le faire avec le maestro Mutti, et le ferai plus tard avec Alain Altinoglu. Si je ne devais chanter que deux œuvres dans ma vie, ce serait le Chant de la Terre de Mahler et le Requiem de Verdi, donc je me sens très chanceuse ! » Marie-Nicole Lemieux dit aimer infiniment la musique du compositeur : « J’ai mis du temps à me sentir légitime pour chanter cette musique, mais je m’y sens très bien maintenant. Tout est théâtral chez Verdi, chaque œuvre est un monument. On sent sa passion dans chaque page et j’essaie de rendre justice à cette passion, en respectant au mieux tout ce qui écrit dans la partition. Pour le Requiem, je sens beaucoup d’amour dans la musique, mais aussi de l’introspection, du doute, de la crainte, du regret. Même si l’œuvre parle de la mort, elle célèbre aussi la vie et cela m’arrache le cœur à chaque fois que je la chante. Au-delà de mon interprétation, j’aime aussi me fondre dans les différentes visions qu’en proposent les chefs. Chaque concert est ainsi très différent, mais toujours intense. »

Terrain de jeu

A l’Opéra de Paris, c’est dans Falstaff qu’on retrouvera notre contralto : « Ce sera ma 92e représentation ! J’essaie d’aller toujours plus loin dans ce que je propose et de trouver le meilleur équilibre possible entre le chant et le théâtre. Il ne faut jamais oublier qu’à la création de l’œuvre, Verdi avait mis à la porte la chanteuse qui devait initialement chanter Mrs Quickly car elle ne jouait pas assez à son goût. Je suis très heureuse de collaborer avec le chef Michael Schønwandt, et globalement avec toute l’équipe artistique. Il y a une ambiance idéale entre collègues, nous nous amusons beaucoup à préparer les représentations, ce qui augure un très beau spectacle. On travaille beaucoup sur les couleurs et sur le texte, d’autant plus que le livret d’Arrigo Boito est un bijou en soi. Quand on travaille bien l’italien, tout semble couler de source après. » Pour Marie-Nicole Lemieux, la rentrée s’annonce donc sous les meilleurs auspices, d’autant plus qu’elle affectionne beaucoup le public français : « Je ne le dis pas pour faire de la flagornerie, mais il y a une atmosphère particulière en France. Quand on donne quelque chose au public, on sent immédiatement un immense enthousiasme, il est très généreux en retour. » Une chose est sûre, cette affection est plus que partagée !

 

Elise Guignard - publié le 09/09/24

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