Jean-Claude Casadesus un chef français
Jean-Claude Casadesus connaît l'orchestre colonne comme personne et lui rend hommage Salle Gaveau en dirigeant le programme intégral donné le 2 mars 1873 au Théâtre de l’Odéon lors du concert inaugural.
Avec une ténacité qui ne se dément pas, l’Association artistique des Concerts Colonne, malgré les aléas de l’Histoire, a toujours tenu le cap au sein du paysage musical parisien. Par son rôle, elle a contribué au fil du temps à initier nombre de mélomanes à la musique classique et à favoriser la création. Aujourd’hui, cette formation légendaire continue d’enrichir la saison de concerts de la capitale, épaulée par un public enthousiaste et familial soucieux de l’idée de transmission.
Faire l’inventaire de tous les noms des baguettes hexagonales les plus réputées qui se sont produites chez Colonne donne le vertige, mais on peut mentionner parmi les étrangers : Mahler, Tchaïkovski, Grieg, R. Strauss, Prokofiev, Khatchaturian… Comme on le constate, des compositeurs prestigieux vinrent diriger leurs propres partitions. Héritier donc d’une longue tradition, Jean-Claude a toujours eu des yeux de Chimène pour cette phalange dont on lui a parlé très tôt : « J’avais moins de dix ans quand Pierre Monteux – le célèbre chef d’orchestre qui fut alto solo des Concerts Colonne et associa nombre de ses musiciens à la création du Sacre du Printemps de Stravinski au Théâtre des Champs-Élysées – venait chez mes parents à Montmartre. Des membres de la tribu Casadesus ont tous, à divers degrés, été impliqués également dans la vie de cet ensemble associatif. Plus tard, alors que je pratiquais la batterie et accompagnais des chanteurs de variété, j’ai été recruté à 25 ans comme timbalier solo par Pierre Dervaux alors Directeur musical emblématique de cette formation, poste que j’ai occupé avant de devenir moi-même, grâce à lui, chef d’orchestre. Mon frère cadet Dominique, parallèlement à ses activités de compositeur, a d’ailleurs pris ma succession à Colonne. C’est dire que j’ai une relation filiale avec cet orchestre que j’ai dirigé lors de mon premier concert. »
Pour cet anniversaire, le programme reprend in extenso celui que dirigea pour la première fois Édouard Colonne (1838-1910), avec Camille Saint-Saëns au piano dans son Second Concerto. « Outre cette œuvre qui sera jouée par Marie-Josèphe Jude, on entendra la Symphonie italienne de Mendelssohn – la seule partition qui ne soit pas de la musique française –, Jeux d’enfants de Bizet, et une rareté : Carnaval d’Ernest Guiraud, un compositeur et pédagogue renommé à l’époque qui enseigna au Conservatoire de Paris. Il eut parmi ses élèves les plus connus Dukas, Satie et Debussy. »
À 88 ans, toujours aussi actif, Jean-Claude Casadesus continue de parcourir le monde jusqu’au Japon et de participer à des événements marquants. En novembre, il siégeait dans le jury du Concours de violon Long-Thibaud et recevait à L’Élysée le grade de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Son agenda ne désemplit pas : fin décembre on le retrouvera en Lettonie avec l’Orchestre de Riga, puis début janvier avec le remarquable pianiste Barry Douglas et l’Orchestre National de Lille qu’il a porté sur les fonds baptismaux, avant de l’applaudir à la tête de l’Orchestre Colonne auquel le rattachent tant de liens affectifs.
Michel Le Naour