Jean-Marc Luisada, piano le 10 février, Salle Gaveau
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Jean-Marc Luisada se penche de nouveau sur deux compositeurs chers à son cœur. À la Salle Gaveau, il retrouvera Frédéric Chopin et soulignera la filiation entre le compositeur franco-polonais et un autre génie, Gabriel Fauré.
Au cœur du programme de ce concert, les mutations que connaissent les mazurkas et les scherzos sous les doigts de Chopin, danses populaires qu’il transforme en grands pages sonores. Les scherzos, notamment, plongent dans l’obscurité de sentiments souvent tourmentés. Si le Scherzo n° 2 op. 31 est sur ce point exemplaire, le Scherzo n° 4 op. 54 – le seul en tonalité majeure – diffuse toutefois une lumière évidente, parfois teintée de mélancolie. La grande Fantaisie op. 49 s’empare de toutes ces réflexions en un vaste geste créateur d’une portée poétique incomparable.
Très légitimement, Jean-Marc Luisada place Gabriel Fauré dans la droite filiation de Chopin. Dans cette entreprise, la juxtaposition de nocturnes écrits par les deux génies s’avère particulièrement éloquente. « Inventé » par l’Irlandais John Field à la charnière des XIXe et XXe siècles, avec sa main droite aux lignes ornées se déployant sur une main gauche aux harmonies oniriques, le nocturne connait une première métamorphose avec Chopin qui y ajoute un élan belcantiste supplémentaire. Fauré opère ensuite une nouvelle transformation, avec un romantisme au parfum typiquement français, ardent dans le Nocturne n° 2, d’une sérénité sublime dans le Nocturne n° 6.
Belcanto bellinien dans Chopin ou opulence d’écriture dans Fauré, toutes les dimensions musicales de ces compositeurs s’unissent merveilleusement grâce à la maîtrise du clavier et, surtout, la sensibilité de Jean-Marc Luisada. Un concert que ne manquera pas l’amateur de beau piano.